Référence des services de confiance qualifiés, la signature électronique Universign s'impose comme leader français sur le marché. Docteur en cryptologie, son fondateur et Président Julien Stern revient sur les spécificités du financement d'une start-up innovante.

Quelle est l'activité d'Universign ?

Nous développons une solution permettant d'apporter la confiance juridique aux transactions numériques via des services de signature électronique, horodatage ou cachet serveur. Notre plateforme permet notamment de contractualiser en ligne, en assurant l'intégrité des documents et l'identité des signataires. Nous travaillons aujourd'hui avec plusieurs grands groupes du CAC 40, les principales compagnies d'assurance et d'épargne, mais aussi pour des opérateurs de téléphonie ou encore des entreprises de presse. L'une de nos forces est de proposer plusieurs niveaux de signatures électroniques adaptés aux besoins de nos clients : du niveau le plus simple (pour un abonnement presse par exemple) au niveau de protection juridique le plus complet (pour un contrat d'assurance-vie).

Le secteur des Regtech* est en pleine croissance et en tant que prestataire de service de confiance qualifié eIDAS**, Universign se positionne comme l'un de ses acteurs clés. À terme, notre ambition est que chaque européen utilise au moins une fois Universign comme tiers de confiance pour une transaction électronique. Pour y parvenir, nous travaillons actuellement à l'industrialisation de nos modes de fonctionnement et à notre expansion à l'international.

Avez-vous eu des difficultés à trouver des financements au début de votre activité ?

Quand nous avons lancé l'entreprise au début des années 2000, le financement était très compliqué à aller chercher, en raison de l'explosion de la bulle internet et des attentats du 11 septembre. A l'époque, le concept de start-up n'était pas passé dans le vocabulaire et les investisseurs étaient extrêmement méfiants vis-à-vis des jeunes entrepreneurs. C'est presque l'inverse aujourd'hui. Heureusement nous avons pu profiter, à l'époque, de nouvelles mesures fiscales qui favorisaient les investissements dans les PME.

Vous avez rapidement réalisé un deuxième tour de table. Pourquoi ?

Nous avons vite compris que l'un des principaux freins de nos clients potentiels était l'impact à long terme de la signature électronique. Dans certains cas, les litiges peuvent arriver 20, 30 voire 100 ans après la contractualisation. La pérennité et la solidité du garant de la signature étaient un vrai sujet de préoccupation pour les clients. Même si techniquement et légalement ce type de défaillance était prévu, il nous fallait rassurer le marché sur notre capacité à durer. Nous avons alors cherché à nous associer à un investisseur institutionnel, connu, fiable, stable. Avec sa puissance d'action extrêmement élevée, Crédit Mutuel Innovation (ex CM-CIC Innovation) était une référence en la matière et nous permettait d'envoyer un message fort. Chaque tour de table correspond à une typologie d'investisseurs différents, qu'il s'agisse de volumes d'investissement toujours plus importants ou des portes que notre partenaire financier peut ouvrir.

Quels conseils pourriez-vous donner aux entrepreneurs qui se lancent aujourd'hui ?

Je les invite à ne surtout pas négliger la partie juridique (gouvernance, droit, règles, clauses, pacte) qui peut apparaître comme de la paperasse formelle quand on est dans l'enthousiasme de la création. Pourtant, c'est fondamental. Il faut vraiment se faire aider et tout comprendre. Un dirigeant d'entreprise doit être en mesure d'expliquer et de négocier chacune des clauses de ses statuts ou de son pacte d'actionnaires. La co-construction des règles de gouvernance est fondamentale et fait partie intégrante du travail entrepreneurial.

S'il faut être ambitieux, il faut être également réaliste en matière de financement. Une start-up va nécessairement vivre un certain nombre d'opérations sur son capital, généralement sous forme de levée de fonds. Attention à ne pas lever très en deçà ou très au-delà de la réelle valorisation de l'entreprise pour ne pas générer de frustration des fondateurs ou des investisseurs.

*Regtech : Contraction de « Regulatory technology », outils technologiques utilisés dans la gestion des risques réglementaires.

**eIDAS : « Electronic Identification and Transparency and accountability », il s'agit d'un règlement européen sur l'identification pour les transactions électroniques.

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