La Compagnie des Vétérinaires est aujourd’hui le leader de la crémation d’animaux de compagnie. Détenu exclusivement par des vétérinaires depuis sa création, le groupe a fait le choix d’ouvrir son capital pour accélérer son développement international. Retour sur un long process de transformation avec Philippe Thomas, son Dirigeant.

Quel est votre modèle d’origine ?

La Compagnie des Vétérinaires s’est créée il y a 25 ans autour d’un projet éthique : offrir une solution de fin de vie digne aux animaux domestiques. Jusqu’alors, ceux-ci partaient à l’équarrissage et finissaient en matière première ou en farine animale. En 1995, 200 vétérinaires du Nord de la France se sont regroupés pour créer un premier centre de crémation. Si juridiquement, il s’agissait d’une SA, le fonctionnement était très proche d’une coopérative.

Un modèle « coopératif » qui a très bien fonctionné pendant 20 ans...

Oui. La Compagnie des Vétérinaires, c’est aujourd’hui 14 centres de crémation en France, 4 en Allemagne, 1 en Belgique et 1 en Pologne. Le groupe s’est notamment développé avec des acquisitions stratégiques financées par des augmentations de capital successives auprès de nos actionnaires vétérinaires.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’ouvrir votre capital ?

Avec 95% de part de marché en France, la Compagnie des Vétérinaires avait besoin de relais de croissance. Les opportunités sont nombreuses car la crémation animale est peu développée à l’étranger et notre modèle, qui s’appuie sur les vétérinaires, est réellement différenciateur. Nous avons également de très fortes ambitions en Amérique du Nord. La place de l’animal y est très forte, les barrières réglementaires sont moindres et les acteurs locaux n’ont pas notre expertise en matière environnementale, aujourd’hui un enjeu clé. Cependant, cette internationalisation exigeait des investissements importants, impossibles à réaliser avec notre actionnariat historique.

Une stratégie d’ouverture bien accueillie par vos actionnaires vétérinaires ?

Cela a été très compliqué, d’autant que cette stratégie impliquait de réunir une majorité des 2/3 pour voter des changements de statuts. Nous nous sommes, dans un premier temps, heurtés à un vrai clivage, avec d’un côté, des vétérinaires investisseurs qui adhéraient à la logique d’ouverture du capital et de l’autre des vétérinaires militants, qui craignaient une remise en cause des valeurs d’origine. Il nous a fallu plusieurs années et de nombreuses réunions de terrain pour obtenir leur adhésion au nouveau projet. Nous sommes quasiment allés chercher les bulletins 1 par 1. Encore aujourd’hui, nous passons beaucoup de temps à expliquer notre plan stratégique aux actionnaires vétérinaires.

Le profil de l’investisseur a-t-il eu son importance pour convaincre les récalcitrants ?

Oui. La plupart ont été rassurés par le choix de Crédit Mutuel Equity qui partage nos valeurs mutualistes et s’engage à long terme, sur ses fonds propres. Plus qu’un investisseur c’est un actionnaire actif qui nous accompagne pour faire évoluer notre modèle. Il voit aussi grand que nous pour La Compagnie des vétérinaires et nous donne les moyens pour changer d’échelle.

Cette ouverture du capital a-t-elle changé le mode de gouvernance du groupe ?

Le fait de travailler avec un partenaire de référence et un actionnariat moins dispersé permet des prises de décisions plus rapides. Il faut par ailleurs souligner que nous avons également ouvert le capital à l’équipe de management. La place des vétérinaires reste toutefois prépondérante avec des administrateurs issus de la profession et tous formés à l’IFA (Institut Français des Administrateurs).

Avec le recul, quelles sont pour vous les clés d’un changement de modèle réussi ?

Du temps, de la détermination de la part de l’équipe dirigeante... et surtout une vision très claire du projet d’entreprise.

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