Plus connu à travers ses marques Dal'Alu (gouttières), Isosta (panneaux sandwichs) et Sunclear (distribution), le groupe familial bordelais Aramis est aujourd'hui l'un des grands acteurs du marché du bâtiment en France (320 M€ de CA et 800 collaborateurs). Il est aussi l'un des premiers à s'engager dans une transformation RSE ambitieuse. Explications avec son dirigeant, Jean-Baptiste Micouleau.

Quelles sont aujourd'hui les activités de votre groupe familial ?

La société a été créée par mes parents en 1982, il s'agissait alors d'un spin-off de l'entreprise de mon grand-père maternel. Sous la marque Dal'Alu, cette activité historique est aujourd'hui le N°1 français des gouttières aluminium laqué en continu. J'ai rejoint l'entreprise en 2000 pour créer un deuxième métier, par croissance externe : les panneaux sandwich isolants (pour les toitures de vérandas par exemple). Sous la marque Isosta, nous sommes également leader sur ce marché. Ces deux activités industrielles représentent aujourd'hui 1/3 de notre chiffre d'affaires. Nous réalisons les 2/3 restants avec un troisième pôle, la distribution de plaques plastiques et composites pour le bâtiment, depuis l'acquisition de Sunclear en 2015.

Le groupe Aramis s'engage aujourd'hui dans une transformation RSE ambitieuse. Quelles sont vos motivations ?

Il s'agit d'abord d'une prise de conscience personnelle et d'une conviction forte, en sachant que nos efforts porteront en premier lieu sur le volet environnemental de la démarche. Nous sommes à la fois producteurs de matériaux, parfois difficiles à recycler (panneaux sandwich), et distributeurs de matériaux plastiques qui, on le sait, peuvent en fin de vie se retrouver dans les océans. Nous ne pouvons pas fermer les yeux et tenons à assumer notre responsabilité sociétale. Cette démarche est également structurante. Elle nous permet d'anticiper les futures réglementations auxquelles nos marchés seront soumis à partir de 2020 : la réglementation E+C- concernant l'éco-conception et la gestion du cycle de vie des produits, d'une part, et l'obligation de collecter les déchets et de s'intégrer aux filières de recyclage, d'autre part.

Une démarche qui commence avec un marqueur fort : la nomination d'un directeur RSE

Oui. Il entrera en fonction au début de l'année 2019. Il s'agira de la fonction la plus transversale du groupe puisque ce directeur RSE devra être connecté avec la R&D, le marketing, les achats, les process de fabrication, le négoce. La première étape consistera à réaliser un audit de nos différentes activités.

Avez-vous identifié des freins ?

Oui, la résistance au changement et la perception de ces problématiques en interne. La rentabilité à court terme d'une telle démarche n'est pas une évidence, et nous devrons déployer de gros efforts en communication au sein du groupe, pour convaincre tout le monde de la pertinence du projet. L'enjeu est de faire comprendre à chacun qu'il ne faut pas opposer environnement et performance économique. Les deux vont de pair.

Le caractère familial de l'entreprise est-il un atout pour mener une telle transformation ?

Oui, car dans une entreprise familiale vous bénéficiez d'une vision à long terme. La contrainte financière est vue différemment. Un exemple concret ? S'inscrire dans le temps long permet de privilégier les projets R&D, qui intègrent l'éco-conception par rapport à des produits qui seraient plus rentables mais trop court-termistes. Nous préférons prendre de l'avance sur nos marchés pour mieux répondre aux enjeux de demain.

Le volet social sera-t-il également pris en compte ?

Oui, dans un deuxième temps car en tant qu'entreprise familiale nous sommes déjà sensibles à ce sujet depuis longtemps. Toutefois, nous ne négligeons pas cette dimension sociale car elle joue un rôle prépondérant pour l'attractivité du groupe.

Vous menez en parallèle un projet de transformation digitale. Est-ce indissociable de l'approche RSE ?

Les enjeux, la manière d'adresser le sujet et les compétences requises sont bien dissociés. Cette transformation digitale se traduit en premier lieu par une optimisation des process de fonctionnement de l'entreprise, avec l'automatisation et la dématérialisation des documents. Nous travaillons également à la création de sites marchands pour commercialiser en direct une gamme de produits étendue et cohérente. On est donc sur un projet parallèle même si, bien entendu, les deux logiques sont complémentaires et que la transformation digitale facilitera la transformation RSE.

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