Transcription de la vidéo

Parlons Transformation

Stéphane Courgeon, Journaliste : « Bonjour et bienvenue à Paris, plus précisément à la pépinière de l’hôpital Cochin, qui héberge ici des entreprises innovantes en matière de santé. Justement, aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre d’une entreprise déterminée.

Voilà presque 10 ans qu’Endodiag concentre en effet ses travaux sur la recherche de nouvelles solutions de diagnostic de l’endométriose. L’endométriose est une maladie mal connue mais qui touche en France et dans le monde une femme sur dix, une pathologie qui, aujourd’hui, seule une opération chirurgicale permet de diagnostiquer de manière certaine. À terme, très prochainement même, Endodiag veut transformer ce diagnostic, finalement très invasif dans un mode plus simple, plus rapide, et donc plus précoce pour limiter l’évolution de la maladie.

Alors comment l’entreprise s’est-elle organisée puis développer pour proposer ses nouvelles solutions ? Pour y répondre, je vais rejoindre dans un instant, Cécile Réal, PDG et co-fondatrice d’Endodiag.

Chez Endodiag

« Bonjour Cécile Réal ! ».

Cécile Réal, PDG : « Bonjour ! ».

SC : « Peut-être peut-on commencer par parler de cette maladie, l’endométriose, qui touche combien de femmes aujourd’hui dans le monde ? ».

2,5 M de malades en France

CR : « Aujourd’hui il y a 180 millions de femmes dans le monde qui sont atteintes de l’endométriose. C’est une pathologie complexe qui se traduit par des symptômes relativement fréquents et donc parfois difficiles à identifier : notamment des douleurs au niveau de l’abdomen pendant les règles mais pas uniquement. Et puis, malheureusement pour la moitié de ces femmes, une infertilité associée à cette pathologie ».

Une maladie complexe

SC : « Est-ce que ce sont des symptômes qui sont spécifiques à l’endométriose ? ».

CR : « Malheureusement non et c’est cela qui rend la situation compliquée, c’est qu’ils peuvent être synonymes d’autres problèmes de santé, et de ce fait là, on ne pense pas forcément à cette pathologie et ensuite ils sont assez compliqués à identifier et à diagnostiquer. »

SC : « Justement ce diagnostic : quel est-il aujourd’hui ? Quelle forme prend-il ? »

CR : « Aujourd’hui le diagnostic de référence au niveau des sociétés savantes et des recommandations des ministères de la santé et la chirurgie, ce qui est un diagnostic relativement lourd et potentiellement risqué puisque c’est un acte chirurgical et cette chirurgie consiste à aller opérer la patiente, prélever un morceau de cette possible endométriose et de l’analyser pour confirmer ce diagnostic. De ce fait, le diagnostic est fait avec un retard souvent important :

7 à 9 ans pour un diagnostic effectif

On parle de 7 à 9 ans entre l’apparition de la maladie et le diagnostic effectif de la maladie ».

Entreprenariat ou mission ?

SC : « À l’âge de 25 ans vous avez créé votre première entreprise, c’était une start-up et déjà dans le domaine médical, elle a été rachetée en 2007. Quatre ans plus tard, vous créez donc Endodiag. À l’époque, qu’est-ce qui vous pousse finalement ? C’est l’envie d’entreprendre ? Ou c’est aussi une sorte de mission dans laquelle vous vous sentez investie sur l’endométriose ? ».

2011 Création d’Endodiag

CR : « C’est d’abord une sorte de rencontre qui est le point de départ : un mélange entre des amies autour de moi qui m’ont parlé de ce mal dont elles souffraient qui s’appelle l’endométriose que je ne connaissais pas. Et cela a été la rencontre avec des médecins et des biologistes qui travaillaient sur cette maladie depuis déjà pas mal d’années. L’envie d’entreprendre : je crois quand on a commencé à entreprendre jeune c’est quelque chose qui ne vous quitte jamais et qui est profondément ancré dans votre personnalité. Après c’était vraiment bien au-delà de ça, c’est vraiment la situation de stupéfaction devant le fait que rien n’était fait pour ces femmes ».

ST : « Est-ce que vous pouvez nous résumer finalement quelles sont les différentes étapes de recherches depuis 9 ans maintenant ? ».

CR : « La recherche de l’endométriose a commencé déjà par essayer de mieux comprendre la pathologie en travaillant sur ces fameuses lésions endométrioses assez caractéristiques de la maladie, et ensuite de trouver des signaux envoyés par ces lésions ailleurs dans le corps. Donc, on travaille en particulier sur l’endomètre qui peut être accessible dans un cabinet gynécologique sans avoir à passer par un acte chirurgical. Et puis plus simplement dans le sang. Après cette compréhension de la pathologie et pour chercher ces marqueurs, on a d’abord travaillé sur des échantillons existants, quelques échantillons qu’on a récupéré à droite à gauche.
+ grande étude clinique mondiale sur l’endométriose
Puis on a structuré une recherche clinique d’abord sur un petit groupe de patientes et plus récemment sur un nombre beaucoup plus important de patientes : à peu près 1300 patientes.

Le projet le plus avancé est un test sanguin pour permettre un diagnostic précoce de l’endométriose et pour pouvoir, dès qu’une femme se plaint de symptômes, de douleurs ou éventuellement de problèmes d’infertilité, qu’on puisse réaliser cette prise de sang pour tester ces fameux biomarqueurs, et pouvoir poser ce diagnostic beaucoup plus tôt que ce qui est fait aujourd’hui par cette voie chirurgicale et ce long chemin qu’on appelle « d’errance diagnostique » de ces patientes adossées à pas mal de souffrance à la fois physique mais aussi psychologique, de ne pas savoir de quoi elles souffrent ».

ST : « Vous avez bénéficié du soutien de Crédit Mutuel Innovation qui est une filiale de Crédit Mutuel Equity. Comment avez-vous recherché vos investisseurs ? Quels ont été les critères pour les choisir ? Et qu’est-ce que vous attendez d’eux finalement pendant cette phase d’accompagnement ? ».

CR : « La rencontre avec Crédit Mutuel Innovation est une rencontre déjà antérieure à la création de la société, et était une relation qui s’est construite dans la durée à la fois de se connaître et de se faire confiance, et effectivement, on a pu partager le projet Endodiag dès sa genèse et expliquer un petit peu où on allait, comment on construisait le projet. Très naturellement, lorsqu’on a été en recherche de fonds, nous avons sollicité Crédit Mutuel Innovation pour pouvoir nous accompagner dans cette phase de développement. Effectivement, pour nous le choix était important. En particulier c’était important pour nous d’avoir un actionnaire avec qui on partage les mêmes valeurs, et c’était un premier point très important, et le deuxième, c’était d’avoir un partenaire qui puisse nous accompagner à la fois dans la durée et à la fois dans différents chemins puisque les métiers couverts par ce groupe sont extrêmement importants et permettent d’envisager différentes voies de développement avec un soutien durable ».

Un conseil ?

ST : « Pour terminer Cécile Réal, un conseil peut-être à des entrepreneurs qui voudraient se lancer dans des projets de transformation comme le vôtre, sur des périodes finalement aussi élargies ? ».

CR : « Je crois que la patience et la résilience sont deux caractéristiques très fortes à avoir pour ce type de projet. Je pense que c’est très important de croire à sa vision et de garder cette vision comme objectif, et puis après je crois que c’est difficile de mener un projet seul, c’est de savoir s’entourer de gens meilleurs que soi, là où on est peut-être un peu moins bon et de s’entourer à différents niveaux : c’est à la fois en termes d’équipe interne dans la société, en termes d’actionnaires, et en termes de partenaires extérieurs parce qu’on va toujours, je pense, plus vite quand même en s’entourant et en travaillant en équipe.

ST : « Merci Cécile Réal ».

CR : « Merci ».

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