Laurent Lévy

Créé en 2003, Nanobiotix est l'un des pionniers mondiaux de la nanomédecine. Sa technologie NanoXray vise à améliorer drastiquement l'efficacité de la radiothérapie et son premier produit NBTXR3 devrait obtenir un marquage CE en 2017. Laurent Lévy, Président du Directoire et fondateur, revient sur le développement de cette innovation de rupture.

Quelle est l'originalité de l'approche de Nanobiotix ?

Laurent Lévy : Nous avons été dans les premiers à explorer les nanotechnologies et à chercher de quelle façon utiliser leur extraordinaire potentiel en médecine. Pour cela nous avons travaillé de manière originale pour l'époque, en associant des biologistes, des chimistes et des physiciens.

Nous avons une approche physique du corps humain et de son fonctionnement, le mode d'action physique de nos nanoparticules permet de se libérer complètement ou partiellement des contraintes liées à la variabilité biologique des patients. Nous allons ainsi à l'encontre de la médecine personnalisée pour offrir une médecine d'excellence et de précision, mais potentiellement généralisable à des millions de patients.

Concrètement, comment agit votre innovation ?

L.L. : Nous avons développé un produit dont l'objectif est d'améliorer l'efficacité de la radiothérapie dans les tumeurs, sans augmenter la dose reçue par les tissus sains environnants. Concrètement, à la veille de la première séance du traitement de radiothérapie classique, des nanoparticules d'hafnium, dont nous avons élaboré le design, sont directement injectées, en une seule fois, dans les cellules cancéreuses.

Une fois injectées au cœur de la tumeur, elles pénètrent dans les cellules où elles absorbent les rayons délivrés par la radiothérapie et démultiplient ainsi leur effet localement.

Quelles ont été les différentes étapes du développement ?

L.L. : Après avoir étudié différentes approches, nous avons fait le choix d'orienter notre technologie vers cette combinaison radiothérapie/nanoparticules. Après une phase préclinique d'expérimentation animale classique, les essais dits cliniques ont été lancés en 2011, avec l'injection d'un premier patient. Les différents essais cliniques ont schématiquement pour objectif : l'évaluation de la sécurité générale (non-toxicité, bonne tolérance...), de la faisabilité de l'utilisation du produit, la détermination du bon dosage, puis l'évaluation et la comparaison de l'efficacité du produit avec les standards de soins. Nous avons publié des premiers résultats d'essais cliniques en 2014 dans le sarcome des tissus mous et estimons possible un marquage CE en 2017 de notre produit NBTXR3. S'en sont suivis des résultats dans les cancers de la tête et du cou et dans les cancers du foie. En parallèle de ces indications, nous menons des essais cliniques dans le cancer de la prostate, et du rectum. Le produit est en cours d'évaluation dans sept indications au total, aux États-Unis, en Europe et en Asie, impliquant 400 médecins dans 54 établissements de référence.

De prochaines innovations sont-elles en préparation ?

L.L. : A terme, notre objectif est de combiner systématiquement la radiothérapie avec notre produit et donc d'élargir potentiellement son utilisation à l'ensemble des tumeurs solides. Au-delà des 7 indications d'oncologie que nous développons, nous pourrions, à l'avenir, nous attaquer au cancer du sein, ou encore au glioblastome (un type de tumeur cérébrale). Par ailleurs, toujours avec NBTXR3, nous travaillons sur un programme d'immuno-oncologie qui a déjà délivré des résultats précliniques très encourageants.

Quelles sont vos relations avec Crédit Mutuel Innovation ?

L.L. : Crédit Mutuel Innovation (ex CM-CIC Innovation) est entré à notre capital lors de notre troisième tour de table, donc assez tôt dans le développement de la société. Ils font partie des investisseurs de long terme présents dans notre conseil d'administration jusqu'à notre entrée en bourse en 2012. à ce titre, ils comptent parmi les partenaires impliqués dans nos réflexions stratégiques pendant de nombreuses années, avec qui nous avons construit l'avenir de Nanobiotix.

Regard de partenaire

photo de Karine Lignel

Dans l'esprit de chacun, les nanotechnologies et les nanoparticules ouvrent de nombreux champs de possibilités. Nanobiotix devrait permettre d'aider à la compréhension des potentiels de ces technologies.

Nanobiotix permet d'améliorer l'efficacité de la radiothérapie, traitement utilisé dans la majorité des cancers mais ayant des effets secondaires sur les tissus sains environnant la tumeur. Pouvoir, grâce aux nanoparticules élaborées par Nanobiotix, augmenter l'efficacité de ce traitement à l'intérieur des tumeurs uniquement, nous a semblé avoir un intérêt majeur pour les patients et l'économie de santé. Et cela dès 2008, alors que la société était encore loin des preuves cliniques.

Le phénomène étant physique et non biologique, les risques qu'il ne puisse s'appliquer qu'à une partie de la population nous sont apparus comme faibles.

L'équipe de Nanobiotix avait su développer une plateforme permettant de travailler sur plusieurs nanoparticules et plusieurs modes d'administration. Elle a ensuite su conduire les essais précliniques et cliniques (et tout le volet réglementaire qui les accompagne) tout en continuant à développer ses projets, comme le montrent les derniers résultats, très prometteurs, en immuno-oncologie.

En parallèle, Laurent Lévy et son équipe ont réussi à signer des partenariats en Asie, convaincre les investisseurs boursiers, d'abord français puis internationaux, et implanter la société aux états-Unis. Tout cela notamment grâce à des recrutements de qualité.

Nous avons donc eu la grande chance d'accompagner cette transformation d'une entreprise de recherche vers un développement produit, utilisé chez l'Homme, et un développement international.

2003Création de Nanobiotix

2012Entrée en bourse

2014Création de la filiale américaine

6 essais cliniques en cours
et 7 indications d'oncologie
dans 17 pays à travers le monde.

5 à 0 milliards de marchés
potentiels avec le premier
produit en développement.

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